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En l’absence de vraie démocratie

SIHAM MAMANDSiham Mamand

18 décembre 2017

Nous ne vivons plus à l’âge de pierre: nous vivons à une époque critique de l’histoire moderne où les problèmes de sécurité, la politique et les changements économiques et technologiques se produisent rapidement. La vraie démocratie ne fonctionne pas comme elle le faisait dans l’histoire des débuts du monde libre. La nature et les règles de la politique doivent être redéfinies.

Si nous nous concentrons sur le Moyen-Orient, parmi tous les exemples d’échec démocratique dans le monde, nous pouvons comprendre plusieurs facteurs qui sapent la démocratie. Un facteur majeur est l’influence extérieure des puissances occidentales qui cherchent à s’engager et à imposer la construction de l’État au Moyen-Orient. Je ne veux pas spéculer sur le point de savoir si leurs intentions sont d’instaurer la démocratie au Moyen-Orient ou si elles ne fonctionnent que dans leur meilleur intérêt. Indépendamment de l’intention de l’Occident de répandre la démocratie, la politique étrangère de l’Occident doit changer, pour les raisons explorées ci-dessous. Sinon, il en résultera des conséquences importantes, telles que l’émergence d’extrémistes et de terroristes.

Si nous examinons le monde arabe, quelles sont les réussites du printemps arabe 2011 – Tunisie? Pas vraiment: un nouveau sondage de l’Institut Républicain International montre que la corruption reste une cause majeure de mécontentement des Tunisiens. Selon l’enquête, 89% des Tunisiens estiment que la corruption est pire aujourd’hui qu’avant la révolution démocratique de 2011.

En partant d’hypothèses sous-jacentes, pourquoi présumons-nous souvent que la seule solution pour le Moyen-Orient est un système démocratique? Cette solution suggère simplement que le Moyen-Orient a besoin de développer la culture et la pratique de la démocratie avant qu’elle ne prenne racine, mais ne répond pas au fait que la démocratie peut nuire à la région. Oui, une vraie démocratie peut panser les plaies du Moyen-Orient, mais seulement lorsqu’elle vient du peuple par l’éducation.

L’Irak, où je vis, est un excellent exemple de cas dans lequel la promotion de la démocratie n’a pas eu le résultat escompté. Les précédentes administrations américaines ont fait un effort pour établir un système démocratique après l’invasion menée par les États-Unis en Irak en 2003, mais cela n’a abouti qu’à un État dépendant du soutien du gouvernement étranger. Je n’essaie pas de blâmer tous les Irakiens malades sur la démocratie du haut vers le bas, et je sais qu’une démocratie stable prend du temps. Je suis également conscient des difficultés liées à la diversité ethnique et religieuse et je comprends parfaitement que la guerre civile syrienne complique encore les choses. Je crois que les systèmes de gouvernement tombent sur un spectre allant de la démocratie à l’autoritarisme: un gouvernement légèrement moins démocratique peut apporter la stabilité à court terme mais il faudra une culture démocratique pour préserver la paix et la stabilité à long terme.

Récemment, la région du Kurdistan irakien a été attaquée par l’armée irakienne pour avoir exercé son droit démocratique de tenir un référendum sur l’indépendance. La Cour fédérale suprême irakienne, qui est principalement composée de juges non kurdes et n’est pas officiellement établie en vertu de la constitution irakienne, a jugé le référendum sur l’indépendance inconstitutionnel. Pour moi, cela représente une rupture claire du processus démocratique. Encore une fois, avant de changer le système pour la démocratie, qui n’est pas un système aussi irréprochable que le dépeignent de nombreux gouvernements occidentaux, nous devons fortifier la culture, la pratique et les principes de la démocratie, promouvoir la coexistence et la tolérance et éduquer la prochaine génération d’Irakiens avec ces principes.

À mon avis, la démocratie descendante n’est pas faisable à l’heure actuelle au Moyen-Orient. Historiquement, chaque fois qu’un pays de la région tente d’exercer la démocratie, il se retrouve avec un dictateur élu ou un système corrompu pour diverses raisons:

Premièrement, les pouvoirs et l’autorité religieux, traditionnels et tribaux dans les pays du Moyen-Orient diluent le nombre de groupes pro-démocratie. Deuxièmement, les niveaux actuels de corruption au Moyen-Orient empêchent la démocratie de prospérer. Troisièmement, les systèmes politiques internes actuels au Moyen-Orient empêchent les pays de réussir à intégrer ou à collaborer avec le cadre politique international. Enfin, la menace d’un coup d’État militaire prévaut dans toute la région. Je ne veux pas laisser présager que la démocratie est une poursuite vouée à l’échec; cependant, le Moyen-Orient doit promouvoir l’engagement civique, la réforme politique et investir dans l’éducation pour que la démocratie ait un impact positif.

Dans l’ensemble, il faut tenir compte du fait que la promotion de la démocratie n’est pas le problème le plus pressant auquel est confronté le Moyen-Orient. En Irak, les minorités sont constamment menacées et doivent lutter pour survivre. Les problèmes sont complexes et la capacité de résoudre ces problèmes exige des individus éduqués qui comprennent que les démocraties ne naissent pas du jour au lendemain et que les gens n’acceptent que des systèmes de gouvernement efficaces. À la lumière des événements et des systèmes qui ont amené le Moyen-Orient actuel, cela soulève la question: «La démocratie peut-elle aboutir à une gouvernance efficace au Moyen-Orient, ou une véritable démocratie est-elle finalement impossible à obtenir dans la région?»

DISCLAIMER: McCain Institute is a nonpartisan organization that is part of Arizona State University. The views expressed in this blog are solely those of the author and do not represent an opinion of the McCain Institute.

Publish Date
décembre 18, 2017
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